Championnats 2011 France FO ou FAUX championnat de France ?
La cuvée 2010 avait le goût de vinaigre. En flairant celle de 2011, j’ai déjà des picotements dans le nez.
Premier indicateur : les effectifs. Certes, ils progressent depuis l’année dernière, mais Poussan attire toujours plus de monde que Cernay. En revanche, si on compare à Poussan 2009, on trouve 10 % de séniors en moins et 60 % de baisse chez les dames. Par rapport à 2001, c’est globalement 20 % de tireurs qui manquent à l’appel. Le travail d’érosion accompli par la FFTIR porte ses fruits…
Deuxième indicateur : l’absence de l’élite. Chez les hommes, les trois premiers du Classement National font défection. Chez les Dames, ce sont les 4 premières qui manquent à l’appel. Informations prises, ils ne seront pas à la pêche aux moules le week-end prochain, mais la FFTIR a planifié le championnat de France le même week-end que la coupe du Monde de Maribor !!! Nos cadors ne sont pas sur les pas de tir mais dans les bureaux. Dommage que la production de calendriers fantaisistes ne soit pas une discipline olympique, nous aurions quelques champions à présenter à Londres en 2012.
L’année dernière, l’essentiel de notre élite avait préféré participer à un stage de préparation aux championnats du monde de Munich plutôt que de venir aux France. Finalement, JP Chavassieux qui, lui, était resté fidèle à la compétition nationale avait réussi le meilleur résultat en Allemagne...
Depuis 2006, on n’a pas revu à la FO l’ensemble des tireurs du collectif A venir en découdre sur les championnats de France.
J’ai beau chercher, je ne trouve pas d’autres disciplines olympiques où les sportifs de Haut Niveau ne se déplacent pas sur leur championnat national. Bravo pour la crédibilité sportive ! Dans les autres pays les fédérations et les champions locaux respectent leurs compétitions nationales et cela ne les empêche pas de briller à l’International. En Espagne Serrano et Fernandez se tirent la bourre pour emporter le titre national, l’italien Pellielo en découd avec Vigano, Fresca et consorts pour essayer d’obtenir son dixième titre de champion d’Italie, chez les Russes Alipov à la main-mise sur le titre, en Australie Diamond ne s’est pas fait prier pour conquérir une nouvelle médaille d’or en 2011… Mais en France, notre élite semble blasée. Un palmarès déjà trop fourni sans doute !
Donc, cette année encore, les podiums des championnats seront plus accessibles, mais combien de tireurs s’en réjouiront ? Chez les Dames, avec 5 concurrentes seulement (elles étaient 22 en 2001), toutes auront droit de participer à la finale. Magnifique !
Évidemment, toutes ces absences auront pour effet de déprécier les médailles obtenues. C’est en cela que ce boycott, organisé par la fédé, est le plus condamnable. Nous avons entendu des mauvaises langues commenter les podiums de Cernay 2010 en faisant remarquer que certains lauréats avaient bénéficié de l’absence des meilleurs tireurs. 2011 sera du même tonneau. Il n’y a rien de plus injuste et de révoltant pour un tireur qui s’est battu tout un week-end pour décrocher un bon classement que d’entendre les commentaires qui dévaluent sa performance au regard de la liste des absents. D’ailleurs, l’un de nos champions qui manque régulièrement à l’appel doit en savoir quelque chose. Lorsqu’il a emporté une grande compétition internationale il y a quelques années alors que les meilleurs spécialistes de la discipline étaient restés chez eux, les propos relativisant sa performance n’ont pas manqué. Et pourtant, avec le score réalisé, il les aurait certainement battus tous ces illustres adversaires ! Aujourd’hui, il est dommage qu'à son tour son absence dévalorise notre championnat national.
A mon sens, la participation aux compétitions nationales pour notre élite devrait être une obligation imposée par la fédé. Non seulement, elle « légitimise » la compétition mais en plus elle joue un rôle moteur pour la discipline. Pour un jeune tireur, voir tirer les champions, être à leur contact, pouvoir se comparer à eux est une source immense de motivation pour progresser à la FO. Mais aujourd’hui, nous n’avons plus de locomotive. Le train avance encore grâce à la vitesse d’inertie acquise, mais pour combien de temps ?
Les membres des collectifs A et B reçoivent des aides substantielles de la part de la FFTIR (et donc indirectement des tireurs). En retour, ils devraient participer à l’essor de le discipline et leurs seuls résultats internationaux n’y suffisent pas toujours.
Troisième point : le championnat de France des clubs. Ce truc là est extraordinaire. Le samedi soir, une douzaine de tireurs va une nouvelle fois devoir faire des heures supp’ pour participer au championnat de France des Clubs. L’équité du championnat individuel s’en trouve considérablement atteinte. Comment peut-on imaginer que le dimanche, deux tireurs au coude à coude seront placés sur un même pied d’égalité si l’un d’eux à dû disputer 2 planches supplémentaires la veille ? S’il est résistant, il pourra y trouver un avantage, sinon il risque de payer physiquement les efforts supplémentaires qu’on lui aura imposés la veille. Une nouvelle fois, on voit bien le peu de considération que la FFTIR porte à ce championnat.
Voilà ce qu’on peut déjà dire alors que le championnat n’a pas démarré ! Qu’est-ce qui nous attend sur place ? Aura-t’on encore droit cette année à :
- Des fosses réglées en dépit des grilles officielles
- Des shoot off tirés avec 2 cartouches
- Des planches de 4 tireurs ou moins alors que le règlement ISSF impose des planches de 5 tireurs minimum
- Des arbitres qui font patienter les tireurs sur le pas de tir pendant 20 minutes avant de démarrer les hostilités car « on a pris un peu d’avance »
- La même grille réglée sur 6 fosses et où chacun, en fonction du tirage au sort, sera exempté du passage sur l’une d’elle. Poussan n’est pas Lonato, et même avec une grille identique la visibilité et l’exposition au vent rendent les difficultés bien différentes d’une fosse à une autre.
- Etc… (il ne faut pas douter de l’imagination créative des organisateurs).
Il me reste une flèche. Si mes informations sont exactes (mais cela a peut-être changé depuis Cernay 2010), le comité de la FFTIR qui organise les compétitions nationales FO comprend dans ses rangs un(e) tireur(euse) de la discipline. Il est dommage que cette personne ne participe pas aux championnats de France. Si c’était le cas, elle porterait peut-être une attention plus importante au respect de l’intérêt sportif de cette compétition…
La question de savoir si la FFTIR est compétente pour gérer les disciplines plateaux se pose encore une fois. Il faut espérer que sa politique permettra de décrocher quelques quotas pour Londres 2012 puisque cela semble être son seul objectif. Pour l'instant nous sommes à la traîne derrière des pays comme la Turquie, Chypre ou San Marin! La concurrence diminuant au fur et à mesure où les autre pays se servent, on va bien finir par y arriver. En cas d'échec, le préjudice serait important pour le "plateau". Mais, au moins cela permettra peut-être de remettre les choses à plat. La FFBT ferait-elle mieux ? La gestion "sportive" n'est pas ce qu'elle sait le mieux faire. Je me souviens de JP Amat, personnage emblématique du tir français, qui avait quitté la FFTIR il y a une dizaine d'années. Il reprochait à cette fédération d'être trop tournée vers les "cow boy du dimanche" et pas assez vers les sportifs. Il est parti comme entraîneur à la fédération de biathlon qui, elle, a toujours obtenu des excellents résultats internationaux. Finalement, c'est peut-être à la fédération de biathlon qu'il faudrait confier les disciplines olympiques du plateau...
En tout cas, Poussan nous attend.
Heureusement, la mer va être chaude et les huîtres fraiches !