Ball Trap : la Compétition et la nécessité d'en faire
Ensuite à vous d'en débattre.
La compétition, est-ce un but ?
Tout d’abord il faut définir ce qu’est une compétition. Comme chacun le sait, la compétition consiste à se mesurer aux autres sur une épreuve officielle, normalisée et publique, dans le but d’avoir la satisfaction d’être le meilleur, et d’obtenir la reconnaissance des autres après laquelle tout le monde court de façon plus ou moins consciente, souvent aussi pour l’argent mais notre sport se prête peu à l’enrichissement. Pardon d’offenser monsieur de Coubertin, mais au fond de soi, seule la victoire est belle, et l’histoire ne retient que les vainqueurs…
Car notre sport favori est une discipline extrêmement ludique et plaisante, sans cesse nouvelle. Tous ceux qui la pratiquent l’ont au départ appréhendé comme un simple loisir. Mais souvent, beaucoup ont succombé au virus, car cette discipline ne peut rester par essence même un simple divertissement. Cela voudrait dire que l’on prendrait tout le temps du plaisir, qu’on manque ou qu’on casse, simplement pour se changer les idées, alors que chacun sait que manquer ne laisse personne indifférent, que l’on veut alors immédiatement corriger pour casser, un peu comme un SUDOKU qu’on ne lâchera pas tant qu’il n’est pas fini : être vexé de ne pas y arriver, se prouver qu’on est capable de le faire.
Pourquoi ? L’essence même de ce sport fait appel à nos instincts les plus anciens de prédation, ce qui rend cette discipline si attachante. Le prédateur et sa proie, le tireur et le plateau. Le casser flatte notre instinct de prédation.
Dès lors qu’on possède cet entêtement à vouloir casser, on est un compétiteur en puissance, si l’on fait le grand pas de se l’avouer et de l’assumer.
Car la compétition n’est certes pas un but en soi, c'est-à-dire faire de la compétition pour en faire, mais bien plutôt un moyen de parvenir à ce que je soulignais plus haut : être le meilleur, et obtenir la reconnaissance de ses pairs. Sans compétition, il n’y a pas de sport. Aucun sport digne de ce nom n’existe à ma connaissance sans compétition, depuis la nuit des temps, c’est le propre de l’homme et le propre de la vie : la compétition.
C’est sortir de son cadre habituel, routinier, pour aller affronter l’inconnu. Relever sans cesse les nouveaux défis des traceurs, de nouvelles trajectoires à vaincre, se prouver qu’on en est capable, et avec pour récompense la reconnaissance des autres, et la satisfaction personnelle d’être, peut-être, le jour j, le meilleur.
Oui, la compétition est le seul moyen de devenir meilleur. Elle oblige à pratiquer notre passion non plus en loisir, en amateur, mais en envisageant de manière quasi-professionnelle, j’entends comme un homme de l’art envisage son travail, tous les paramètres à prendre en compte : préparation physique, matériel, entraînement technique, mental et psychologique.
Parce que s’entraîner sur les mêmes difficultés et s’y complaire, en se satisfaisant de son résultat dont on sait au fond de soi qu’il n’est à chaque fois un peu plus dû qu’à l’habitude plutôt que l’adresse, n’est pas salutaire, c’est un peu se mentir à soi-même. C’est tomber dans la routine, tirer les mêmes plateaux, ne plus avoir d’analyse de trajectoires, ni d’analyse des difficultés à cause de l’habitude, ne plus avoir de dépaysement, ne plus avoir de stress, jusqu’à ne plus avoir de sensations.
En tous cas, plus de progression, voire une régression en terme de tir.
Au contraire, la compétition force, pour s’y préparer, à affronter sans cesse l’inconnu et à le vaincre.
C’est un combat non pas contre les autres, mais contre soi et ses peurs. Car là est le véritable moteur de la compétition : le stress, la peur. L’aptitude à la gérer conditionne le succès dans une très grande mesure. Et c’est ici que beaucoup renoncent, de peur d’être ridicules, en n’étant pas à la hauteur de leurs ambitions, alors que le vrai ridicule réside dans la non participation à la compétition.
Ce sport a la chance, contrairement à d’autres plus physiques dans lesquelles l’inaptitude physique est rédhibitoire, d’être un sport d’adresse où le matériel est identique, tout du moins en performance. C’est donc seule l’adresse du tireur qui conditionne le succès. Et la compétition est la seule à pouvoir faire naître cette boule au ventre à la fois si exaltante et si paralysante, sans laquelle ce sport serait fade et inintéressant, mais qui lorsqu’elle est là et nous tient peut aussi nous paralyser et compromettre le résultat final.
Pratiquer régulièrement la compétition donne peu à peu une certaine maîtrise de cette peur et de ce stress, qu’aucun entraînement si dur soit-il n’offrira jamais.
D’autre part, la confrontation à de nouvelles difficultés fait appel, et par répétition développe notre faculté d’analyse de la difficulté, ainsi que la faculté de trouver rapidement la solution adaptée pour la vaincre.
Il s’ensuit donc inévitablement une progression du tireur : lorsque celui-ci atteint un certain niveau en entraînement, il ne pourra l’accroître qu’en passant par là.
Mais me direz-vous, tout cela ressemble plutôt à beaucoup de travail et beaucoup de difficultés.
Oui, mais quel plaisir de voir ses efforts récompensés par la montée sur l’une des marches d’un podium quel qu’il soit, et je sais que les tireurs qui ont déjà eu ces quelques secondes de bonheur me comprendront. Pour ces quelques secondes, beaucoup sont prêts au travail d’une vie, et pour certains une vie n’y suffira pas. Mais qu’importe.
Pour notre sport, devenir compétiteur à son niveau est simple : d’abord il y a les concours de club, ce qui limite le dépaysement et les nouvelles têtes, sources de stress.
Ensuite, les championnats de ligue, première des compétitions officielles, où vont s’affronter les fines gâchettes de la région, en général sur un stand que l’on connaît.
Ensuite, le grand pas, le championnat de France, la grande fête du tir, où les tracés ne sont jamais difficiles, pour que cela reste une fête. En plus la compétition se fait par séries, donc par groupe de niveau, un bon moyen de se situer, un moyen sûr de progresser.
Et enfin, pour se faire mal, mais pour apprendre encore plus, les sélections nationales, l’épreuve de vérité.
Là vont en découdre les meilleurs tireurs français pour une place en club France, et pour les meilleurs d’entre eux l’équipe de France, en vue des championnats d’Europe et du Monde.
Là, les plateaux sont d’une autre trempe, et la difficulté toute autre. Mais tirer des plateaux d’un autre monde, tirables uniquement dans ces compétitions, côtoyer les meilleurs, tirer avec eux, les observer, apprendre en les voyant tirer, est une chance inestimable de progresser pour tout un chacun.
A chacun donc d’en profiter, de faire ce premier pas de s’inscrire, de participer, de connaître ces nouvelles sensations, et pourquoi pas pour vivre au plus haut niveau ces sensations et écrire son nom un jour peut-être au palmarès du tir...
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rondlyly